PARTIE DEUX
→ Etudes de cas: edX, le cas américain
Les
apprentissages en ligne sont en totale expansion : cette
nouvelle manière d’apprendre fascine et se développe sous
plusieurs formes. L’université de Harvard et le MIT (Massachusetts
Institute of Technology) proposent de mettre à portée tous leur
enseignement, en offrant une éducation en ligne à ceux qui le
désirent. Cette idée est généreuse, d’autant plus qu’elle est
gratuite à partir du moment où l’étudiant possède une adresse
électronique. Nous allons d’abord voir comment a-t-elle été mise
en place, puis comment elle fonctionne, et enfin quels sont ses
points positifs et négatifs sur le long terme.
Ce
projet de formation virtuelle, baptisé edX, est considéré comme «
The Future of Online Education for anyone, anywhere, anytime ». Le
principe est simple : offrir en ligne les cours de ces prestigieuses
universités à travers des vidéos de cours, des plateformes
d’exercices en ligne, des forums d’échanges étudiants. Les
cours proposés sont appelés des MOOC, « massive open online
courses » (cours de masse en ligne et gratuit), disponibles sur la
plateforme. Déjà, plus de 675 000 étudiants l’utilisent,
assurant de ce fait un succès certain à edX, dont son objectif est
d’éduquer « un milliard de personnes de partout sur la
planète », ce qu’affirme Anant Agarwal, président du projet. Ces
deux institutions d’enseignement ont chacune investit près de 30
millions de dollars dans ce projet à but non lucratif il faut le
rappeler. Ils ont créé ce que personne d’autre n’avait osé,
voyant bien au-delà des amphithéâtres fixes de leurs universités.
Mais surtout se projetant dans le futur de l’éducation, chose par
conséquent révolutionnaire.
En
février 2013, edX a accueilli une nouvelle université :
McGill. Cette dernière mettra en ligne des cours de sciences
humaines, de politiques publiques et de sciences, tout cela à
compter dès 2014. « La participation au consortium edX assure
à ses membres l’accès à de vastes corpus de données qui offrent
des possibilités sans précédent d’explorer la façon dont les
étudiants apprennent dans un environnement numérique, d’élaborer
des outils d’évaluation de ces plateformes largement diffusées et
d’améliorer l’apprentissage assisté par la technologie sur les
campus » déclare Anthony C. Masi, vice-principal exécutif à
l’Université McGill. Sa ligne de conduite est claire, les MOOC
permettent une utilisation égalitaire, légitime et gratuite d’un
ensemble de données autrefois inaccessibles pour l’ensemble des
individus désireux d’apprendre, et ne pouvant aller à
l’université. Mais alors, pourquoi proposer des cours gratuits
alors que certains sont prêts à payer des sommes faramineuses pour
venir suivre un enseignement à MIT ou Harvard, c’est-à-dire celui
délivré par edX ? Tout d’abord, c’est garder sa place de
leader sur le marché de l’éducation, promouvant ainsi une image
internationale, et surtout touchant les étudiants des pays en voie
de développement qui désirent accéder aux meilleures universités
mais ne peuvent pas physiquement. De plus, Harvard et MIT sont deux
universités sélectives, et y entrer nécessite un excellent niveau.
Ouvrir ses données est un moyen d’universaliser ses compétences.
Comment
fonctionne les MOOC proposés par edX ? Les thèmes proposés
sur la plateforme ont chacun une proposition de date début et de fin
du cours. (En général, c’est une durée de 6 mois). Il est aussi
précisé le nombre d’heures du travail par semaine, mais aussi le
cours nécessite des prérequis. Des polycopiés du cours sont
disponibles, et le forum permet l’entraide entre étudiants sur
telle ou telle questions. Chaque vidéo est accompagnée de QCM et
d’exercices, qui, lorsqu’ils sont corrigés, influencent très
faiblement la note finale. Il y a 3 partiels d’une durée chacun de
3h qui se font sur la plateforme ; la correction est aussi mise
en ligne. Un certificat de réussite est délivré à la fin de
chaque examen. Concernant edX, les cours se font en anglais, ce qui
requiert une maîtrise « basique » de la langue anglaise.
Il est à noter que généralement, les cours délivrés par edX
concernent la sphère scientifique et mathématique, donc la langue
n’a pas une grande importance.
La
polémique se créée cependant autour de la question du diplôme :
si l’on réussi les examens des universités d’Harvard et du MIT
en suivant le cursus numérique, qu’obtiens t-on comme diplôme ?
Quel en est sa valeur ?
Tout
d’abord, avec les plateformes numériques, on obtiendra non pas un
diplôme mais un certificat. Dan O’connell (Associate director of
communications), joint pour l’étude de cas, émet une petit
bémol : malgré les cours entièrement gratuits fournis par la
plateforme, edX fera payer la délivrance de certificats de master.
Cependant, « there is a charge for those who whoose to take a
proctored exam ». Donc, il y a la possibilité de passer deux
types de certificats : l’un en ligne, l’autre dans les
salles d’examens ; l’un gratuit, l’autre payant ;
l’un ayant moins de valeur, l’autre légitime. Udacity est aussi
en accord avec Pearson Vue, et il fait payer la délivrance de ces
certificats 89$ (à peu près 68€).
Toutefois,
ces derniers n’ont pas la même valeur qu’un diplôme d’Harvard,
mais attestera tout de même de la réussite à l’examen du
candidat. Mais face à l’employeur, ces certificats n’ont pas la
même valeur qu’un réel diplôme d’une université, prestigieuse
ou non.
L’étudiant
devra se rendre dans l’un des 450 centres (de Pearson Vue) répartis
sur 110 pays afin de passer l’examen. Pearson Vue est une
entreprise américaine chargée de proposer des salles pour le test,
surveiller, mais aussi reconnaître l’identité de chaque individu
souhaitant passer l’examen. En effet, une « authorization-to-test »
(confirmation pour le test) sera envoyée par edX, ce qui permettra
d’identifier celui qui vient passer l’examen, la carte d’identité
étant évidemment nécessaire. En France, l’examen se passe à
Montreuil (93100).
Le
concept d’enseignement numérique existe déjà aux États-Unis :
en effet,
il
n’y a pas seulement edX, mais aussi Coursera (Start-Up crée en
partenariat avec les universités américaines de Stanford,
Princeton, Colombia... Composée d’une base de données
relativement complète en proposant plus de 200 cours ;
possibilité de délivrance de certificats de réussites attestés
par les professeurs) et Udacity (créé par un ancien professeur de
Stanford, Sebastian Thrun, mais qui n’est pas encore entièrement
développée et ne propose que peu de cours, d’autant plus que
Udacity n’est pas liée avec une université. À suivre). En effet,
de plus en plus de campus numériques et de plateformes
d’enseignements en ligne fleurissent sur le net.
Avec
l’apparition de ces nouveaux moyens d’apprentissage, plusieurs
phénomènes apparaissent, positifs comme négatifs :
Tout
d’abord, celui de la classe vide. Les professeurs ont remarqué que
dans les universités où ils enseignaient, le nombre d’élèves
suivant le cours diminuait au fil des jours. Le professeur Thrun,
alors enseignant à Stanford, déclare que ses élèves préféraient
le voir sur la plateforme : « Sur la vidéo, ils peuvent me faire
revenir en arrière » déclare-t-il. Chose étonnante, près de
23000 étudiants finissent par réussir l’examen du cours de Thrun
(sur Udacity) : aucun n’est de Stanford...
Un
autre problème subsiste : la tricherie. En effet, on ne peut pas
vraiment être certain que ce soit les mêmes étudiants qui rédigent
leurs travaux à chaque fois. Ce pourquoi Coursera étudie des moyens
de vérifier l’identité des étudiants, mais c’est un projet
complexe et couteux et qui mettra longtemps à aboutir. Alors il est
vrai que pour les examens surveillés par Pearson Vue, l’identité
du candidat sera justifiée ; néanmoins, les exercices à
rendre via le site ne seront pas authentifiés comme provenant de la
même personne.
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