lundi 18 mars 2013

edX

PARTIE DEUX

→ Etudes de cas: edX, le cas américain

 
Les apprentissages en ligne sont en totale expansion : cette nouvelle manière d’apprendre fascine et se développe sous plusieurs formes. L’université de Harvard et le MIT (Massachusetts Institute of Technology) proposent de mettre à portée tous leur enseignement, en offrant une éducation en ligne à ceux qui le désirent. Cette idée est généreuse, d’autant plus qu’elle est gratuite à partir du moment où l’étudiant possède une adresse électronique. Nous allons d’abord voir comment a-t-elle été mise en place, puis comment elle fonctionne, et enfin quels sont ses points positifs et négatifs sur le long terme.
Ce projet de formation virtuelle, baptisé edX, est considéré comme « The Future of Online Education for anyone, anywhere, anytime ». Le principe est simple : offrir en ligne les cours de ces prestigieuses universités à travers des vidéos de cours, des plateformes d’exercices en ligne, des forums d’échanges étudiants. Les cours proposés sont appelés des MOOC, « massive open online courses » (cours de masse en ligne et gratuit), disponibles sur la plateforme. Déjà, plus de 675 000 étudiants l’utilisent, assurant de ce fait un succès certain à edX, dont son objectif est d’éduquer «  un milliard de personnes de partout sur la planète », ce qu’affirme Anant Agarwal, président du projet. Ces deux institutions d’enseignement ont chacune investit près de 30 millions de dollars dans ce projet à but non lucratif il faut le rappeler. Ils ont créé ce que personne d’autre n’avait osé, voyant bien au-delà des amphithéâtres fixes de leurs universités. Mais surtout se projetant dans le futur de l’éducation, chose par conséquent révolutionnaire.
En février 2013, edX a accueilli une nouvelle université : McGill. Cette dernière mettra en ligne des cours de sciences humaines, de politiques publiques et de sciences, tout cela à compter dès 2014. « La participation au consortium edX assure à ses membres l’accès à de vastes corpus de données qui offrent des possibilités sans précédent d’explorer la façon dont les étudiants apprennent dans un environnement numérique, d’élaborer des outils d’évaluation de ces plateformes largement diffusées et d’améliorer l’apprentissage assisté par la technologie sur les campus » déclare Anthony C. Masi, vice-principal exécutif à l’Université McGill. Sa ligne de conduite est claire, les MOOC permettent une utilisation égalitaire, légitime et gratuite d’un ensemble de données autrefois inaccessibles pour l’ensemble des individus désireux d’apprendre, et ne pouvant aller à l’université. Mais alors, pourquoi proposer des cours gratuits alors que certains sont prêts à payer des sommes faramineuses pour venir suivre un enseignement à MIT ou Harvard, c’est-à-dire celui délivré par edX ? Tout d’abord, c’est garder sa place de leader sur le marché de l’éducation, promouvant ainsi une image internationale, et surtout touchant les étudiants des pays en voie de développement qui désirent accéder aux meilleures universités mais ne peuvent pas physiquement. De plus, Harvard et MIT sont deux universités sélectives, et y entrer nécessite un excellent niveau. Ouvrir ses données est un moyen d’universaliser ses compétences.

Comment fonctionne les MOOC proposés par edX ? Les thèmes proposés sur la plateforme ont chacun une proposition de date début et de fin du cours. (En général, c’est une durée de 6 mois). Il est aussi précisé le nombre d’heures du travail par semaine, mais aussi le cours nécessite des prérequis. Des polycopiés du cours sont disponibles, et le forum permet l’entraide entre étudiants sur telle ou telle questions. Chaque vidéo est accompagnée de QCM et d’exercices, qui, lorsqu’ils sont corrigés, influencent très faiblement la note finale. Il y a 3 partiels d’une durée chacun de 3h qui se font sur la plateforme ; la correction est aussi mise en ligne. Un certificat de réussite est délivré à la fin de chaque examen. Concernant edX, les cours se font en anglais, ce qui requiert une maîtrise « basique » de la langue anglaise. Il est à noter que généralement, les cours délivrés par edX concernent la sphère scientifique et mathématique, donc la langue n’a pas une grande importance.
La polémique se créée cependant autour de la question du diplôme : si l’on réussi les examens des universités d’Harvard et du MIT en suivant le cursus numérique, qu’obtiens t-on comme diplôme ? Quel en est sa valeur ?
Tout d’abord, avec les plateformes numériques, on obtiendra non pas un diplôme mais un certificat. Dan O’connell (Associate director of communications), joint pour l’étude de cas, émet une petit bémol : malgré les cours entièrement gratuits fournis par la plateforme, edX fera payer la délivrance de certificats de master. Cependant, « there is a charge for those who whoose to take a proctored exam ». Donc, il y a la possibilité de passer deux types de certificats : l’un en ligne, l’autre dans les salles d’examens ; l’un gratuit, l’autre payant ; l’un ayant moins de valeur, l’autre légitime. Udacity est aussi en accord avec Pearson Vue, et il fait payer la délivrance de ces certificats 89$ (à peu près 68€).
Toutefois, ces derniers n’ont pas la même valeur qu’un diplôme d’Harvard, mais attestera tout de même de la réussite à l’examen du candidat. Mais face à l’employeur, ces certificats n’ont pas la même valeur qu’un réel diplôme d’une université, prestigieuse ou non.
L’étudiant devra se rendre dans l’un des 450 centres (de Pearson Vue) répartis sur 110 pays afin de passer l’examen. Pearson Vue est une entreprise américaine chargée de proposer des salles pour le test, surveiller, mais aussi reconnaître l’identité de chaque individu souhaitant passer l’examen. En effet, une « authorization-to-test » (confirmation pour le test) sera envoyée par edX, ce qui permettra d’identifier celui qui vient passer l’examen, la carte d’identité étant évidemment nécessaire. En France, l’examen se passe à Montreuil (93100).
Le concept d’enseignement numérique existe déjà aux États-Unis : en effet, il n’y a pas seulement edX, mais aussi Coursera (Start-Up crée en partenariat avec les universités américaines de Stanford, Princeton, Colombia... Composée d’une base de données relativement complète en proposant plus de 200 cours ; possibilité de délivrance de certificats de réussites attestés par les professeurs) et Udacity (créé par un ancien professeur de Stanford, Sebastian Thrun, mais qui n’est pas encore entièrement développée et ne propose que peu de cours, d’autant plus que Udacity n’est pas liée avec une université. À suivre). En effet, de plus en plus de campus numériques et de plateformes d’enseignements en ligne fleurissent sur le net.
Avec l’apparition de ces nouveaux moyens d’apprentissage, plusieurs phénomènes apparaissent, positifs comme négatifs :
Tout d’abord, celui de la classe vide. Les professeurs ont remarqué que dans les universités où ils enseignaient, le nombre d’élèves suivant le cours diminuait au fil des jours. Le professeur Thrun, alors enseignant à Stanford, déclare que ses élèves préféraient le voir sur la plateforme : « Sur la vidéo, ils peuvent me faire revenir en arrière » déclare-t-il. Chose étonnante, près de 23000 étudiants finissent par réussir l’examen du cours de Thrun (sur Udacity) : aucun n’est de Stanford...
Un autre problème subsiste : la tricherie. En effet, on ne peut pas vraiment être certain que ce soit les mêmes étudiants qui rédigent leurs travaux à chaque fois. Ce pourquoi Coursera étudie des moyens de vérifier l’identité des étudiants, mais c’est un projet complexe et couteux et qui mettra longtemps à aboutir. Alors il est vrai que pour les examens surveillés par Pearson Vue, l’identité du candidat sera justifiée ; néanmoins, les exercices à rendre via le site ne seront pas authentifiés comme provenant de la même personne.

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